Innovation… Vous avez dit Innovation ?
Jamais autant aujourd’hui on a parlé d’innovation… Surtout depuis 2006 lorsque Procter & Gamble mentionne dans son rapport annuel sa volonté de développer une stratégie d’innovation. Sans pour autant faire du mimétisme, bon nombre d’entreprises suivent le pas et inscrivent leur stratégie dans la recherche de nouveaux débouchés, rendant les anciens marchés obsolètes.
Stratégie Océan Bleu après l’heure, l’idée de compétition par les innovations est détectée dès le début des années 90. L’économiste Llerena parle alors de compétition par l’innovation. Entre constat et plaidoyer, le chercheur constate que les entreprises souhaitent à s’extraire d’une compétition trop intense, fondée sur les coûts et les prix les plus bas possibles, en trouvant de nouveaux débouchés par le développement de produits ou de services nouveaux.
Le terme d’innovation est vraiment le mot que l’on utilise durant les périodes de crises économiques – Rappelons que le concept de grappes d’innovation émerge en 1939 avec la publication du Cycle des affaires par Schumpeter -. Curieusement, on ne parlera pas – où très peu – d’innovation dans les années de forte croissance, pourtant bien caractérisée, pour le coup, par la naissance d’innovation : Ordinateur, Concorde, DS, Minitel ou même un peu plus tard la carte à puce… A cette époque, comme me le fait remarquer mon collègue géopoliticien, le mot innovation est usité dans le monde militaire. L’innovation qui n’est que technologique, est au service de la compétition entre pays, essentiellement les Etats-Unis, l’Europe balbutiante et l’URSS naissante…
Au fil des décennies, le terme d’innovation recouvre des acceptations très diverses : Schumpeter ne le pense qu’en référence à une nouvelle technologie – la machine à vapeur, l’électricité, etc. -. Aujourd’hui, Fédérations Pionnières, qui s’occupe de l’accompagnement à l’entrepreneuriat féminin retient une définition plus large, qui, à défaut de technologies nouvelles – il est vrai que, statistiquement parlant, les femmes sont peu présentes dans le monde des nouvelles technologiques – font référence à des nouveaux modèles économiques, de nouveaux services assis sur des technologies nouvelles ou anciennes, peu importe…
Et dans la plupart des entreprises, qu’en est-il ? Comment pensent-elle l’innovation en 2015? Dans les discours, tout le monde s’accorde sur le fait que l’innovation est un vecteur – si ce n’est LE vecteur de croissance de l’entreprise, comme en atteste le baromètre annuel de l’innovation Grenoble Ecole de Management – IFOP. L’innovation est aussi présentée comme protéiforme : développement de produits nouveaux, de nouvelles activités, de nouveaux modèles économiques, de nouveaux modes de commercialisation…
Pour autant, dans la pratique, l’organisation pour mettre en place ces innovations hors des frontières technologiques peine à se mettre en place : les directions d’innovation ont fleuri à la fin des années 2000 mais se résument encore trop souvent à un relooking de la direction de la R&D… Dans ces conditions, pas évident pour une entreprise de penser d’autres formes d’innovation. Les binômes marketing – R&D souvent présentés comme un moyen de réconcilier développements technologiques innovants et opportunités marché ne fonctionnent que dans très peu d’entreprises, parmi lesquelles le groupe Seb – qui lui doit la naissance du désormais célèbre Actifry qui a permis de sauver l’activité culinaire et deux usines sur le sol français. Enfin, la gestion de la collaboration entre entreprises et métiers peine à se mettre en place de manière systématique. Elles sont pourtant au cœur du renouvellement des innovations technologiques et de services…
Aussi, face à cette interminable crise économique, si l’innovation revient dans tous les discours et devient protéiforme, il devient urgent pour les entreprises de réfléchir à leur mode d’organisation pour générer, efficacement, cette innovation !