Les focus group vraiment générateurs d’innovation ?

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« Lorsque je veux enterrer un projet, je crée une commission »
« Lorsque je ne veux pas (trop) d’innovation, je crée… un focus group ? »

De l’application de la citation de Clémenceau aux pratiques d’innovation dans certaines entreprises…
En leurs temps, les brigades régionales de police mobiles – ou brigades du tigre pour les néophytes comme je le suis – ont révolutionnées le mode d’action pour poursuivre les bandits les plus dangereux.

A qui doit-on cette innovation organisationnelle ?

Certes à Célestin Hennion qui en a eu l’idée mais aussi à Georges Clémenceau qui a ordonné la concrétisation, puis la diffusion du projet pour donner le succès que l’on connait…
Clémenceau, l’homme politique, pourrait donc être considéré en un sens comme un catalyseur d’innovation dans une des administrations qu’il a dirigées : un besoin plus ou moins latent, en tout cas exprimé par la population française – celle de réduire la criminalité – mais aussi par les policiers – trouver un moyen d’arrêter des bandits de plus en plus puissants, de plus en plus ingénieux, et de plus en plus rapides car possesseurs… d’une automobile (l’autre grande innovation du moment) ; une idée pour répondre à ce besoin parmi tant d’autres (Proposée par Mr. Hennion)…
Une idée simple mais qui implique une réorganisation de services, des changements de méthodes de travail… et aussi un budget… Un directeur qui saura repérer ladite idée et qui l’imposera à renfort de budget mais aussi de détermination… Bref, un catalyseur d’innovation…
Et pourtant, le catalyseur a pu aussi se transformer en fossoyeur lors que le projet ne lui plaisait pas :

« Lorsque je veux (l’)enterrer, je crée une commission », déclare-t-il…

Traduction en mots (maux ?) modernes : je regroupe des experts sur le sujet, je les invite à phosphorer, le tout dans un laps de temps plus ou moins longs, à explorer ledit sujet, à formuler des pistes de recommandations…
A vous aussi, ça rappelle quelque chose ? Parfois, cela s’appelle encore commissions… dans les entreprises, ca s’appelle aussi… « focus group pour l’innovation »… Ne nous méprenons pas, contrairement à Clémenceau, je ne pense pas que les dirigeants qui mettent en place une telle organisation aient des visions aussi cyniques et machiavéliques. Soucieux de trouver des solutions à un mal détecté souvent trop tardivement, je pense que le recourt au focus group se veut démocratique, rapide et surtout peu coûteux : de la diversité est sensée naitre l’innovation… La fertilisation de l’innovation naitrait des germinations croisées… Une nouvelle espèce naitrait d’une greffe entre deux plantes, parfois saignante mais rapide…
Et pourtant, même si les motivations pourraient différer, je pense que le résultat sera souvent le même : l’enterrement de l’innovation ou de l’esprit d’innovation. Pourquoi ? Parce que l’innovation en entreprise ne peut pas toujours naitre de la diversité et d’une greffe. Détaillons :

Pouvons-nous encore parler de diversité en entreprises ?

Diversité des métiers, oui, certainement mais en mode projets, ces diversités s’estompent. Certes, chacun sa partie du projet mais tout le monde est sensé (et heureusement d’ailleurs) se comprendre. Au-delà des métiers, les grands groupes et grosses PME – surtout en France – recrutent des personnes qui sont issues du « même moule » : mêmes écoles, parfois, mais surtout mêmes parcours de carrière, le tout noyé dans des procédures de travail normées… De la diversité ne reste qu’une diversité de genre – intégrer plus de femmes dans des projets, plus de personnes issues d’origines sociales et raciales différentes. Soit. Mettons toutes ces personnes ensemble, qu’est ce que cela va donner ? Oui, des idées mais innovantes ? Pas nécessairement puisque tout le monde vient plus ou moins du même monde !

La-persitance-de-la-memoire
La persitance de la memoire – Salavador Dalí

Le facteur temps

Dans les entreprises dotées d’une réelle culture d’innovation – voir à ce propos mon précédent billet d’humeur sur la culture d’innovation en entreprise -, chacun a le temps d’explorer une idée, de l’avoir, de la faire germer. Dans les entreprises qui se préoccupent de l’innovation trop tardivement, c’est plus compliqué : chaque membre du focus group doit alors faire preuve de réactivité mais, ledit focus group ne pouvant perdurer 5 – 6 ans mais plutôt 3 – 4 mois, l’exercice demandé au salarié ou au client est aussi périlleux que l’entrainement à un triathlon pour cet été par le commun des sportifs du dimanche ! Trouver des idées de greffe rapidement, peut-être, à condition d’y être entrainé mais trouver des greffes qui prennent… le test prend du temps !!!

Dans ce contexte, que restera-t-il du focus group ?

Tout au mieux des idées mais seront-elles réellement innovantes ? Si l’on en croit les résultats d’études réalisées par l’équipe d’Amabile à Harvard dans les centres de R&D, non : l’équipe qui subit une pression sur des résultats innovants et dispose de très peu de temps pour innover aura tendance à dupliquer ce qu’elle a déjà fait par le passé. En résumé, le résultat du focus group : résultat oui, exploitable, si on ne veut rien changer très certainement. Innovant… à discuter…

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